J’ai
trois ans. Ma mère me lâche la main dans la cour de l’école
maternelle. Pour rire de mon vertige, je te trouve, toi, l’ami, mon
frère. Tu ne sais rien du monde. Je te raconterai tout : les
guerres, les trains de la mort exposée, élue, les champs de blé,
les soleils et la pluie et les crayons de bois à tailler. Je serai
tes yeux. Je t’offrirai des cœurs de fraise en bonbons. Tu seras
mon indien, je serai ton totem….
Dans
ma tête à moi, flottent des mots et des rires d’enfants.
Comment
les capter ?
Comment
y naître ?
C’est
vertigineux comme j’ai peur.
Oui
je souffrirai
Oui
j’aurai peur
Oui
mais non
Et
pourquoi pas d’ailleurs ?
J’aime
les fraises. Je t’aime aussi quand tu ris, quand tu pleures.
Prends
ma main. Sois mon clown, ma friseuse d’histoires folles. Toi, je
t’entends dans mes oreilles. C’est fou, tu es plus belle que mon
orteil !
Bon
sang, diablement, toi….
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