Du portrait
en ) ma ( photographie.
« Portrait
tiré, visage retiré » Philippe Bonnefis.
Faire
des écorchés ?
Saisir
un visage, l’un des visages, le fixer comme l’ex-traire d’un
trait de lumière.
Il
n’y a là rien de définitif. Je pourrais tirer une infinité de
portraits de vous que je serais encore dans l’impossibilité de
vous dire et d’ailleurs, vous
dire ne m’intéresse
pas.
Je ne dis
donc que l’un de vos visages et dans ce visage que j’ex-trais,
vous ne pourriez vous mirer. Même votre miroir ne renvoie pas votre
image. Ce n’est qu’une illusion.
Fantasme :
photographier la buée qui s’élève dans votre salle d’eau et
qui, progressivement, couvre votre image au miroir, d’un
voile….Quel voile ?
Photographier
cette eau en buée qui enlise vos traits pour souligner l’illusion.
Vous
embuer, vous embrouiller, vous flouer, vous rendre flou, fou
peut-être, éperdu en un face à face qui se dilue, se délie, se
délite.
Fantasme :
montrer les deux faces de Janus qui se répondraient.
Fantasme :
le portrait nu de mon modèle à modeler , à pétrir si nu que cette
nudité même inonde et illumine le visage qui va surgir. Inondation.
Flux. Orexis, encore.
Fantasme :
dire l’une de vos ombres, voilà, ce que moi, j’aime tenter. Mes
photos le disent en angle-mort comme si j’incisais une paroi. Puis
je pose et dépose ce visage, cette larve, visage devenu masque en
l’exposant. Je vous floue encore.
Qui
est le prédateur , la proie dans ce jeu du saisissement ? La
question ne m’intéresse pas. Ma frontière est infime et confuse.
Le visage est un vertige.
Ce
qui m’intéresse alors est l’acte
qui n’a rien -non, vraiment rien- d’un jeu.
Une
façon de prendre, qui serait
De
cesser d’être soi dans l’acte de prendre.
Une
façon d’être au monde clair-obscur qui serait
De
cesser d’être une autre dans le dire de l’être.
Un
souffle de désir de se dire là aussi.
Et
créer un espace de vides et de pleins.
Comme un lieu de l’être,
Un
lieu d’être ?
Oui,
être vouée au vertige….
Marie
Delvigne
(à
la lecture de « Dans
le cabinet du docteur Michaux »
de P.Bonnefis)
CHAPITRE
XCII Le silence
« Quand la mémoire fait
ressortir de l'abîme où le réel s'est effondré les souvenirs, ils
ruissellent de silence.
Des morts reviennent des
scènes d'autrefois qui sont nettoyées de tout bruit.
Immobiles au centre de ces
scènes, comme dans les photographies, comme dans les peintures de
l'Occident chrétien, ils regardent en silence ceux qui les voient.
Des vivants, la remémoration
ne restitue que des instants où toute rumeur est arrachée.
Tous
les moments
de nos songes sont aussi silencieux que les instants où le désir
écarte le tissu et découvre à notre attente et pour notre
confusion ce qui est nu dans toute la pénombre que font les plis qui
se rebroussent. »
Sur Le Jadis P287 Grasset
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