dimanche 7 février 2016

Vanité du portrait

Du portrait en ) ma ( photographie.


« Portrait tiré, visage retiré » Philippe Bonnefis.

Faire des écorchés ?

Saisir un visage, l’un des visages, le fixer comme l’ex-traire d’un trait de lumière.

Il n’y a là rien de définitif. Je pourrais tirer une infinité de portraits de vous que je serais encore dans l’impossibilité de vous dire et d’ailleurs, vous dire ne m’intéresse pas.

Je ne dis donc que l’un de vos visages et dans ce visage que j’ex-trais, vous ne pourriez vous mirer. Même votre miroir ne renvoie pas votre image. Ce n’est qu’une illusion.

Fantasme : photographier la buée qui s’élève dans votre salle d’eau et qui, progressivement, couvre votre image au miroir, d’un voile….Quel voile ?
Photographier cette eau en buée qui enlise vos traits pour souligner l’illusion.
Vous embuer, vous embrouiller, vous flouer, vous rendre flou, fou peut-être, éperdu en un face à face qui se dilue, se délie, se délite.

Fantasme : montrer les deux faces de Janus qui se répondraient.

Fantasme : le portrait nu de mon modèle à modeler , à pétrir si nu que cette nudité même inonde et illumine le visage qui va surgir. Inondation. Flux. Orexis, encore.

Fantasme : dire l’une de vos ombres, voilà, ce que moi, j’aime tenter. Mes photos le disent en angle-mort comme si j’incisais une paroi. Puis je pose et dépose ce visage, cette larve, visage devenu masque en l’exposant. Je vous floue encore.


Qui est le prédateur , la proie dans ce jeu du saisissement ? La question ne m’intéresse pas. Ma frontière est infime et confuse. Le visage est un vertige.

Ce qui m’intéresse alors est l’acte qui n’a rien -non, vraiment rien- d’un jeu.

Une façon de prendre, qui serait
De cesser d’être soi dans l’acte de prendre.

Une façon d’être au monde clair-obscur qui serait
De cesser d’être une autre dans le dire de l’être.
Un souffle de désir de se dire là aussi.

Et créer un espace de vides et de pleins.

Comme un lieu de l’être,


Un lieu d’être ?

Oui, être vouée au vertige….

Marie Delvigne
(à la lecture de « Dans le cabinet du docteur Michaux » de P.Bonnefis)


CHAPITRE XCII Le silence
« Quand la mémoire fait ressortir de l'abîme où le réel s'est effondré les souvenirs, ils ruissellent de silence.
Des morts reviennent des scènes d'autrefois qui sont nettoyées de tout bruit.
Immobiles au centre de ces scènes, comme dans les photographies, comme dans les peintures de l'Occident chrétien, ils regardent en silence ceux qui les voient.
Des vivants, la remémoration ne restitue que des instants où toute rumeur est arrachée.
Tous les moments de nos songes sont aussi silencieux que les instants où le désir écarte le tissu et découvre à notre attente et pour notre confusion ce qui est nu dans toute la pénombre que font les plis qui se rebroussent. »

Sur Le Jadis P287 Grasset



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